Psychologie et dérives d’un principe de précaution …

Emmanuel SIMON, quelque part dans une UE qui tend à chavirer
20 novembre 2020

‘Great success always comes at the risk of enormous failure’. 
(Winston Churchill)
‘There can be no safety without risk’ 
(Pr. A. Wildavsky, political scientist, Berkeley)

1/ Préambule
2/ A propos du Principe de précaution (PP) 
3/ Sachons différencier « danger » et « risque »
4/ L’usage confus du PP par les autorités publiques (et ‘consultants’) 
5/ Causalité versus Corrélation, Méthodes et modèles ; etc… 
6/ Des conclusions à en tirer ?

1/ Préambule

Les risques sont inhérents à l’évolution de l’univers et autant à l’histoire très troublée de nos sociétés. Physiciens, mathématiciens, historiens et sociologues nous en parlent à profusion. Mais l’incertitude, l’ignorance, la peur et l’instinct de survie règnent parmi l’espèce humaine ! Pour tenter d’éloigner les dangers naturels (par nature aléatoire), l’homme implora d’abord des dieux. Les dangers changeant de forme, pas mal d’êtres pensants émirent d’autres thèses et en firent de brillantes démonstrations. D’où advient l’actuelle conception thématique (et systémique) des risques ainsi qu’une tentative de les évaluer, de les maîtriser ou à tout le moins de les contenir grâce à la « proportionnalité des mesures à adopter ». Ceci face à des conséquences restant difficiles à appréhender…

Mue par un besoin parfois exacerbé de sécurité (mentale et/ou physique), l’époque contemporaine (dite technologique) vit élaborer un « concept PP  (Principe de Précaution) par le philosophe Hans Jonas (années ’70s). Ce concept fut ensuite inclus dans le droit international et onusien (à Rio en 1992, au cours d’une vaste opération de récupération mêlant écologisme et courants altermondialistes)… jusqu’à être transposé dans une facette « environnementaliste » dans les traités de l’UE… Depuis, la perception des risques de vivre a connu un emballement exponentiel, car à chaque situation des activistes s’emploient à invoquer une facette nouvelle de dangers, réels ou fictifs. Tous les médias en ont fait leurs choux gras, car la notion de danger fait vendre l’information (sic)! L’objectivité d’analyse et des mesures induites règnent-t’elle vraiment aujourd’hui ? 

Récemment, certains d’entre nous ont probablement entendu parler du ‘Théorème du Parapluie’, ou l’art d’observer le monde dans le bon sens » [1].  Mais QUI en contexte n’aurait pas entendu – voire même pratiqué – l’expression « ouvrir son parapluie » ? L’observation du réel de la vie et des risques encourus nous forcent à le confirmer : cette expression est particulièrement d’usage dans la sphère publique : celle d’ordre opérationnel, voire parmi la R&D des sciences (où elle s’oppose à, ou autorisera, le doute scientifique). L’expression vaut également dans le comportement du management et particulièrement dans la gouvernance politique (plus les cercles de lobbyistes qui l’environnent en pressurisant les élites) ! Incertitudes, doutes, et réflexes d’autoprotection interfèrent étroitement. 

J’ai effleuré cette thématique dans un précédent article [2]. Depuis lors, une crise virale d’ampleur mondiale s’est déclarée et ses conséquences prennent une dimension potentiellement dramatique, bien au-delà d’un monde médical surchargé jusqu’à l’héroïsme. La « théorie du confinement restrictif » en résoudra-t-elle les effets (une forme de paranoïa aurait-elle envahi nos gouvernants et leurs ‘experts’, tous désemparés par la complexité de la chose) ? [3]. Las, de redoutables effets socio économiques pointent déjà le bout de leur nez. La macro-économie bascule – ainsi parasitée – vers une subsidiation massive des processus et instruments de gouvernance, cette subsidiation s’accouplant à un endettement effarant par tous les acteurs mondiaux (FMI, WB, BCE, etc.). L’économie, nos entreprises, mais aussi la science ont-elles chacune beaucoup à y perdre en moyens d’action et en avancées ? Réponse au futur !
Face aux contextes ambiants et à l’incertitude associée, une saine réflexion personnelle doit pousser chacun à réduire les dérives engendrées par la peur de l’inconnu… et exercer sans modération son esprit critique, base de toute démarche rationnelle.  

2/ A propos du Principe de précaution (PP)

De nombreux auteurs ont exploré et documenté les fondements de ce PP. Doit-on préciser ici que la définition de ce principe n’est jamais claire et se trouve radicalisée par certains acteurs « supra-étatique » eux-mêmes idéologisés ? La Fig.1 illustre un cas parmi mille autres, celui de l’électro-sensibilité :  

Figure. 1 : « l’électro-sensibilité » en vert, façon CLCV France – Association nationale de consommateurs et usagers

Courageusement, certains penseurs ont tenté de clarifier ce Principe de Précaution. Nous citerons ci-dessous Gérald Bronner et Étienne Géhin, Julian Morris, et le Pr Jean de Kervasdoué.

2.1. « L’inquiétant principe de précaution »

Gérald Bronner et Étienne Géhin. PUF, 2010, 15 €   
Recension par Jean-Paul Krivine – SPS n° 291, juillet 2010
[[Voici un livre indispensable sur un sujet à la mode, où il devenait difficile de s’y retrouver. Le principe de précaution est systématiquement invoqué, à propos de la grippe A, des cendres du volcan islandais, des ondes électromagnétiques, des OGM, mais aussi de la plus banale des décisions de la vie quotidienne, où la simple prévention se réfère maintenant à un ‘principe de précaution’  auquel il devient difficile de s’opposer. La conclusion des auteurs, tous les deux sociologues, est précise et argumentée. Ce qu’ils appellent le « précautionnisme » est une nouvelle forme de populisme « qui flatte les intuitions trompeuses que l’esprit humain peut nourrir à propos des situations de risque et d’incertitude » (suite ici) … ]]

2.2. « Rethinking Risk and the Precautionary Principle »   
edited by Julian Morris  Butterworth-Heinemann Oxford  2002 (ici)

2.3. « Zététique (*) : le principe de précaution tient-il lieu de politique » ? 
(*)… Démarche personnelle de suspension du jugement, de doute cartésien par l’apprentissage des biais cognitifs et des sophismes… 
Table ronde autour de Patrick Cohen avec Jean de Kervasdoué, Pr. émérite, ingénieur agronome et auteur de « Ils ont perdu la raison : Pourquoi les gouvernants prennent les mauvaises décisions » et Corinne Lepage, ancienne ministre (EELV) de l’environnement.. (Interview édifiante sur France Inter – 26min. – février 2014, ici sur youtube)). 

3/ Sachons différencier « danger » et « risque »

Parmi le grand public (tout autant chez les pouvoirs et bureaucraties), la confusion reste forte entre ces deux notions. Une définition simple serait :
[[ Le danger est quelque chose qui peut éventuellement causer un dommage, tandis que le risque est la probabilité qu’il y ait un dommage occasionné en fonction de l’exposition à ce danger]]. La différence entre danger et risque est parfaitement illustrée sur le site web du Conseil Européen de l’Information sur l’Alimentation (EUFIC)]].

D’autres sites web tentent de nous expliquer la différence : 
a) Par exemple un site français sur les perturbateurs endocriniens : [[ Le danger est la capacité à créer un dommage. C’est un des éléments qui conditionne le risque, qui est quant à lui la combinaison d’un danger et de l’exposition à ce danger. Ainsi, un risque peut être faible voire nul, même en présence d’un grand danger, ici]]; 
b) Ou encore le site web d’INOVERTIS, pour aider les industriels à produire dans un environnement sûr (Fig. 2) :  

Figure 2 : Classification et applications INOVERTIS (France)

Des définitions sont également présentes sur des sites anglo-saxons :
[[ Danger (Hazard) and Risk… A hazard is something that can cause harm, e.g. electricity, chemicals, working up a ladder, noise, a keyboard, a bully at work, stress, etc.;

risk is the chance, high or low, that any hazard will actually cause somebody harm, ici.]]

« Sécurité et précautions » sont deux termes d’égale équivoque. 

Selon le Larousse en ligne, la « sécurité » est une : [[ Situation dans laquelle quelqu’un, quelque chose n’est exposé à aucun danger, à aucun risque, en particulier d’agression physique, d’accidents, de vol, de détérioration ]] . Serait-ce donc la seule acception retenue par les postures adoptées dans l’UE ?

L’INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) définit le terme « sécurité » avec plus de correction : [[ La sécurité est un état où les dangers et les conditions pouvant provoquer des dommages d’ordre physique, psychologique ou matériel sont contrôlés de manière à préserver la santé et le bien-être des individus et de la communauté. C’est une ressource indispensable à la vie quotidienne qui permet à l’individu et à la communauté de réaliser ses aspirations]].

Toutes ces ambiguïtés justifient pleinement l’existence des méthodologies d’analyse des risques. Celles-ci existent en grand nombre, sont pratiquées depuis des décennies, et sont nécessairement spécialisées. Un bel exemple structuré est ainsi proposé sur le site du CCHST (Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, ici) : 

4/ L’usage confus du Principe de précaution par les autorités publiques (et leurs ‘consultants’) 

S’il existe un comportement commun à maintes autorités ‘régulatrices’, c’est bien celui d’éviter leur mise en cause en cas d’erreurs flagrantes d’appréciation de leur part et des dégâts collatéraux engendrés. Qu’il s’agisse ici de la perte de leur réputation, voire d’un ‘réflexe d’orgueil’ et l’apparition de dégâts humains et financiers erronément chiffrés. Si les méthodes d’analyse des risques furent améliorées au long des décennies, la dimension émotionnelle y joue elle à tous les coups. Pensons concrètement en termes de santé publique, aux situations de crises de niveau UE ou nationales, aux orientations dites stratégiques et à tous les choix économiques risqués… sans oublier la complexité géopolitique assez aléatoire quant aux effets… 

Dans le cas du PP, jouant d‘ouverture du parapluie, l’attitude s’apparente fréquemment à un « dogme », appuyé sur des croyances peu prouvées, sinon idéologisées. Soit des orientations dont on ne déroge pas ou difficilement, quelles qu’en soient les conséquences et les coûts engagés ! S’étonne-t-on à peine des 1.000 milliards d’euros du programme UE alloués au « contrôle climatique » (et de son financement via les ‘instruments’ de la BEI ) ? Quoiqu’en affirment ici ces autorités, la notion de « check and balance » (= audit et équilibrage des coûts & effets potentiels =) n’est pas ancrée dans l’ADN de nos décideurs et de leurs ‘influenceurs’ ! La notion de « check and balance » pourrait être illustrée par la Fig.3. Et il ne faut pas non plus oublier que 25 biais cognitifs connus nuisent à notre pensée rationnelle! (ici).

Figure 3.  Allégorie de l’équilibre à rétablir entre l’irrationnel et les faits 

Les biais d’appréciation sont inhérents à l’humain et s’observent à tous les niveaux du pouvoir, y compris parfois parmi ceux guidant les choix de science, alors mis au service de la législation (subordonnée) et de la politique (cf. France et son article PP dans sa Constitution de 2005) [4].  
Au niveau planétaire, les mêmes constats peuvent se formuler : p.ex. quant aux hypothèses de « changement climatique » (les effets CO2 d’ Al Gore 2007 ; ceux de foules Greta & Co actuels) avec de présumées conséquences dommageables figurées par eux à très long terme. Soit des échéances où aucuns des protagonistes ne sera encore en  vie pour confirmer publiquement l’exactitude de leurs dogmes ! Les 5 articles mentionnés ci-dessous concernent le principe de précaution (4.1 à 4.5). Nous y renvoyons le lecteur.

4.1. « Quand le principe de précaution devient un risque »  Ferdinand Thiry (juillet 2009) 

La boîte de Pandore des peurs collectives menace l’innovation et se substitue au doute scientifique. [[ Les appels au Principe de Précaution se multiplient comme des champignons après l’orage. Si l’on en croit les Cassandre, entre autres fléaux, les ondes électromagnétiques et les perturbateurs endocriniens sont de redoutables dangers invisibles qui envahissent notre monde et sont en train de détruire nos cerveaux et nos spermatozoïdes – ce qui devrait in fine mener à la disparition de notre espèce! Vivre est extrêmement dangereux: on en meurt toujours. (suite)…]];

4.2. « The Precautionary Principle: Amorphous Concept Proves Difficult to Define » (Sept. 2002) .Cet article a été publié ici. En voici quelques extraits :

[[ Precautionn., 1. Previous caution or care; caution previously employed to prevent mischief or secure good; as, his life was saved by precaution. 2. A measure taken beforehand to ward off evil or secure good or success; a precautionary act; as, to take precautions against accident.
— Webster’s Revised Unabridged Dictionary (c)1996, 1998 MICRA, Inc. 

Behind this seemingly innocuous two-part dictionary definition lies one of the thorniest issues at the crossroads of international trade and the protection of human health and the environment. The « Precautionary Principle, » which originated in Europe, has become one of the most highly controversial sources of dispute in international circles. 

Supporters of the principle view it as a necessary tool of risk management, while critics see in this amorphous concept a threat to science-based risk analysis and a thinly veiled attempt at legitimizing trade barriers under the cover of public policy. Indeed, over the past 10 years, the European Union has increasingly used the Precautionary Principle to support a variety of bans — ranging from hormones in beef and milk, to aflatoxins in ground nuts, to genetically engineered crops — leading to accusations of protectionism from the United States and other trade blocs. 

Central to the debate is the definition of the Precautionary Principle itself — or rather the lack thereof — and the multitude of formulations that have appeared within the last 15 years. (cont’d)…]]

4.3. « Risk expert: Policymakers often misuse precautionary principle » June 2013) [GMOs ]

[[ Evaluating risk requires a balance of quantitative assessment and regulatory review. But often in the European Union, there is a “misuse” of the precautionary principle to appease national of political interests, says Prof. Ragnar Löfstedt. King’s College Centre for Risk Management in London, ici.]

4.4. « The ERF Study The Precautionary Principle Application and Way Forward » 

ERF (European Risk Forum), Brussels, Oct. 2011 : 
[[ This study focuses on the Precautionary Foreword = Principle and how it has been applied in practice and makes recommendations on better use in the future… Conclusions & Recommendations =  Trust, Perception & Communication of Risk ; Chapter 5, p.55-61 ]]

4.5. Cross the Street!  By Bjørn Lomborg (15.01.2014)

[[ Caution is great as a political sledgehammer. Carefully formulated, you can ban anything. But this is unreasonable. Here’s what politics should learn from kids crossing the street for ice cream, ici .]] 

5/ Causalité versus Corrélation,  Méthodes et modèles, etc…  

Le Principe de causalité [relation de cause(s) à effet(s) ] est connu et appliqué à de nombreux domaines, par exemple en sciences et bien plus largement. Mêmes causes mêmes effets ? (Descartes). Cela n’est guère évident à défendre, d’autant lorsqu’il s’agit de phénomènes et/ou de maladies, en des circonstances contrastées ET ceux sujets à des modèles multifactoriels (dont le facteur temps) !

Il faut notamment y distinguer « causalité et corrélation »… 
L’explication suivante – pédagogique – mêle un zeste d’humour et d’évidentes confusions : [[ On conclura donc que deux événements peuvent être corrélés (reliés) sans pour autant avoir des rapports de cause à effet, ici.]] 


Un autre site web vous en donne lui une forme illustrative, ici (Fig.4) : 

 
Figure 4 : corrélation vs causalité expliquées dans la vie courante 

Vivre avec l’aléatoire (random ; hazardeous ; unsure) relève notamment de l’activité/expertise des métiers d’assurance… et de bien d’autres disciplines professionnelles, secteur par secteur, dont celles du créatif ! Celles financières font appel (p.ex.) au calcul actuariel. Pouvoir ‘quantifier’ les dimensions de certains dangers et leurs dommages potentiels constitue un vrai défi, où les facettes humaines sont sensibles. L’émotionnel y est-il écarté ? Oh que non disais-je ! Je vous renvoie ici aux remarques du début du chapitre 4/ …
Comment doit-on alors décider en matière de choix politiques ? Étant donné maints flous ambiants, l’adversité récurrente et un manque d’observations rigoureusement étayées, les ‘expertises’ sont sujettes à des débats conflictuels. Le rôle des décideurs ET de ceux qui les instruisent à propos des éléments (les variables / probabilités chiffrées / et des appréciations de conséquences) est certainement ardu !
Je ne vous en présenterai pas d’exemples : d’expérience, ils vous sautent certainement aux yeux !

Pas mal de chercheurs se sont penchés sur l’usage fait dudit PP. En voici trois exemples (5.1 à 5.3) :

5.1. « Le principe de précaution comme norme de l’action publique, ou la proportionnalité en question »
Olivier Godard     Dans Revue économique 2003/6 (Vol. 54), pages 1245 à 1276 

[[ En une dizaine d’années le principe de précaution (désigné dans la suite de l’article comme le pp ) est devenu une norme de référence pour les actions et politiques publiques dans le domaine de la protection de l’environnement puis, par extension, de la sécurité alimentaire et de la santé publique. Ce principe vise l’attitude à adopter face à des « risques collectifs potentiels ». L’expression risques [1] L’emploi du mot « risque » suscite parfois des querelles… potentiels » désigne à la fois des dangers dont l’existence même, au moment où ils sont appréhendés, n’est pas scientifiquement établie, n’étant ni prouvée ni réfutée, et ceux pour lesquels, en dépit d’une existence établie, il n’est pas encore possible d’établir de façon scientifique, par l’analyse logique ou par l’observation statistique d’événements répétés, une distribution de probabilité d’occurrence  [2] Cette situation n’empêche évidemment pas un agent quelconque de…., également ici ]];

5.2. « Europe’s precautionary principle: promise and pitfalls »

John D. Graham Susan Hsia   Journal of Risk Research    Pages 371-390 | Published online: 15 Apr 2011

Abstract

[[ The European Union, through a recent ‘Communication’ from the Commission, has sought to legitimize the precautionary principle while establishing criteria for adoption of appropriate precautionary measures. Although the precautionary principle is not new and indeed reflects a basic human instinct, this article argues that the EC makes a constructive contribution towards formalizing it by describing the principle in the context of established processes of risk analysis: objective scientific evaluation, risk assessment, risk management and risk communication. The EC’s reference to a broad spectrum of precautionary measures, subject to specific managerial criteria, also offers some assurance that the principle shall be implemented through thoughtful processes of decision making. There are pitfalls in the EC approach that should be rectified in future refinements of the principle. Critical terms need to be defined, the evidentiary hurdles for precaution need to be clarified, and checks and balances against ill-considered application of the principle need to be strengthened. A systematic process of ranking hazards and targeting cost-effective protection opportunities should be implemented by the EC as a counterweight to enactment of precautionary measures on a crisis-by-crisis basis ]];

5.3. « Principe de précaution, mode d’emploi »  
DOMINIQUE BOURG      Mensuel N° 124 – Février 2002

[[ Conçu dans les années 70-80, le principe de précaution s’est imposé comme la réponse la plus adéquate en situation d’incertitude. À vouloir l’appliquer en toute circonstance, il pourrait perdre de sa pertinence. 
Le principe de précaution est invoqué en toutes sortes de circonstances, souvent à contre-emploi. La grande presse ne cherche guère à relever et corriger les usages baroques de ce principe. Au printemps dernier, lors de la crise de la fièvre aphteuse, il a par exemple été sans cesse question de précaution ; plus récemment, la précaution a été évoquée face aux attentats terroristes du World Trade Center. Ces deux situations relèvent bien de la gestion et prévention des risques, mais n’ont cependant rien à voir avec la précaution. Or, l’enjeu ici n’est pas de pure sémantique. Le principe de précaution ne s’applique en effet qu’à certains risques qui ne connaissent quant à eux d’autre parade possible que la mise en oeuvre de la précaution. D’où l’intérêt et l’importance d’une bonne compréhension de ce principe et de ses conditions d’application, voir ici]]. 

6/ Des conclusions à en tirer ?

Quels aspects sont pertinents pour rééquilibrer des « distorsions PP » si souvent déplorables ? Ce serait vital de l’admettre avant d’engager une population entière (ou une culture) et toutes nos entreprises vers des finalités aventureuses telles qu’invitent actuellement à adopter des mouvements de foules idéologisées, gens dépourvus d’arguments probants mais maniés telles des marionnettes. Ceci n’étant pas à confondre avec le sens voulu autrefois par Winston Churchill ! 

Énumérer des recommandations est hasardeux. Tentons-le néanmoins?

Mettre en avant le sens de la responsabilité peut rester un voeu pieux… En serait-il autant de la lucidité et du courage décisionnels ?  

Efforçons-nous d’abord d’appliquer la démarche « check & balance ». Elle permet de ‘proportionner’ les mesures à appliquer, plutôt que de verser dans le ‘précautionnisme’ des adeptes d’un illusoire risque zéro … 

Se plier de manière trop appuyée sur des modèles et leur algorithmique est une arme à double tranchant… 

Octroyer une priorité à la rationalité et au doute scientifique. L’attitude devrait supplanter l’allégeance aux idéologies ravageuses (qui elles gouvernent via des lois coercitives)… 

En Belgique, un Think Tank indépendant (académique) tel ITINERA s’efforce de prodiguer des recommandations vers divers milieux publics, également ici. Sont-elles suffisamment écoutées et testées, sinon celles d’autres sources ? 

Ces observations sont autant pertinentes envers les sphères de pouvoirs SUPRA-nationaux (UE & Co), des groupes « collégiaux » de décideurs supposés ouverts à des vues prospectives et réalistes. Comment obtenir d’eux les correctifs à d’évidentes bévues et/ou aberrations scientifiques et à de tortueux processus de gouvernance ? La dimension temps*effets est là aussi cruciale, adverse des cycles publics…

L’inertie décelable avant de constater des effets mesurables et leurs futures rectifications de trajectoires se compare à la manoeuvre d’un paquebot… Espérons donc que les icebergs détachés de la banquise qui hantent tant d’esprits pessimistes ne viendront pas se mettre au travers de la vie de nos populations…   

        

 NOTES                              

[1] « Théorème du parapluie… ou l’art d’observer le monde dans le bon sens »
Mickaël Launay  EAN : 9782081430631   333 pages  Flammarion (Oct. 2019) 

[2] http://www.science-climat-energie.be/2019/10/12/petit-exercice-de-dialectique-a-propos-du-mot-precaution-et-dun-principe-subrepticement-juxtapose-au-precedent/

[3]  Pr. Toussaint (physiologie, etc…): 11 oct. 2020  (interview Sud Radio France, 46min) https://www.youtube.com/watch?v=DH164L42m3c
Cette expansion actuelle du virus montre un taux d’immunisation important !

[4] Le vrai problème avec le principe de précaution

Entré dans la Constitution il y a dix ans, le principe de précaution ne sert juridiquement à rien. En revanche, sa version vulgarisée, sans cesse invoquée, paralyse l’initiative. Une menace pour l’avenir du pays.
https://www.lesechos.fr/2015/02/le-vrai-probleme-avec-le-principe-de-precaution-1105911