par Samuel Furfari et Patrick Vandenhoeke
Université Libre de Bruxelles
UCL Master’s degree, Industrial Organic Chemistry
Air Liquide, l’éminent conglomérat français spécialisé dans les gaz industriels, s’est vu octroyer une subvention de 110 millions d’euros par le Fonds européen de l’innovation pour son projet ENHANCE, situé dans le port d’Anvers-Bruges, en Belgique.
Le groupe envisage la construction et l’exploitation d’une installation de craquage d’ammoniac à grande échelle, qualifié de « vert, bas carbone et renouvelable », ainsi que d’un liquéfacteur d’hydrogène innovant, également décrit comme « vert, bas carbone et renouvelable ». Le projet prévoit la transformation d’une de ses unités de production d’hydrogène conventionnel (dit « gris ») dans le complexe portuaire, en substituant l’ammoniac « vert » au gaz naturel comme matière première, dans le but de produire et de distribuer de l’hydrogène dit « vert ».
Cette substitution viserait à réduire les émissions de CO₂ de plus de 300 000 tonnes par an, comparativement à la production industrielle actuelle d’hydrogène conventionnel, et ce, grâce à des fonds publics.
Il est à noter que, comme c’est fréquemment le cas dans ces projets dits « verts », le coût par tonne de CO₂ évitée n’est jamais explicitement mentionné. Cette omission semble suggérer que la priorité est accordée à la perception d’une solution existante plutôt qu’à une analyse économique rigoureuse.
Néanmoins, la réalité de ce projet soulève de multiples interrogations et semble présenter des incohérences qui s’apparentent davantage à une manœuvre politique qu’à une innovation industrielle rationnelle et économiquement viable.
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